Toutes les études que nous menons, que ce soit en France comme aux États-Unis, confirment la mission que nous avons souhaité donner à l’association Reboot : offrir aux plus jeunes les clés du raisonnement critique, afin de lutter contre la désinformation.
Les résultats de cette dernière étude, réalisée avec la Fondation Jean-Jaurès et l’Ifop, fait particulièrement écho à celle que nous avons menée aux États-Unis en 2022, mettant en lumière un décalage entre la perception qu’ont les jeunes de leur capacité à identifier une fake news et leur capacité réelle à le faire. Tout comme le fait que peu importe l’âge, le niveau d’éducation, l’affiliation politique, plus on consulte les réseaux sociaux, plus le jugement est altéré.
Aux États-Unis, la désinformation a de longue date des implications très concrètes dans le champ politique : le site spécialisé FiveThirtyEight a relevé que 199 candidats républicains aux midterms de novembre dernier avaient explicitement nié la légitimité du résultat de l’élection de 2020. Là-bas comme en France, nos études identifient très clairement le rôle des réseaux sociaux dans la dispersion et la conviction des fausses informations : il devient urgent d’armer nos jeunes face à cette bombe à retardement civique.
À la lecture de cette enquête, on le comprend : les jeunes n’ont pas les armes pour lutter contre la désinformation et les contre-vérités scientifiques propagées sur les réseaux sociaux. Comment les outiller ? L’association Reboot recommande depuis sa création la formation des enseignants au raisonnement critique, et la mise en place de modules ad hoc pour donner aux plus jeunes les clés de cette méthode : il faut que les futurs citoyens apprennent à considérer plusieurs points de vue, et à les confronter pour se faire une opinion basée sur des faits, et uniquement des faits.
C’est aussi pour ces raisons qu’outre le renforcement de l’enseignement critique, l’association Reboot plaide pour un meilleur contrôle des plateformes : devoir de transparence concernant le développement et le déploiement des algorithmes, et notamment des recommandations de contenus qui sont faites, interdiction de la sponsorisation de la désinformation, voire une restriction d’âge sont autant de pistes qui doivent nous permettre de lutter contre la désinformation.
Il y a seulement quelques mois, le rapport de la commission menée par Gerald Bronner formulait plusieurs recommandations pertinentes pour enfin se saisir de cet enjeu primordial pour les prochaines générations : il pourrait être bon de le relire, avant qu’il ne soit trop tard.